Le CDI en ligne

... à découvrir au CDI jusqu'au 18 novembre 2014

Par JANE CAYREL, publié le mercredi 19 novembre 2014 15:55 - Mis à jour le mercredi 19 novembre 2014 15:56

* un triptyque photographique de Sylvie Bonnot (Hokkaido - 2010)
Que sont les paysages de Sylvie Bonnot ? D’abord, pour partir du plus aisément visible, ce sont, sur ses photographies, des images de lieux où nous n’irons sans doute jamais, de terres extrêmes, de pays rudes et inhospitaliers où règnent la glace, la neige, le vent, la tempête. C’est là le fruit de sa récolte photographique, de son lent et pénible cheminement dans ces paysages d’excès, ces banquises, ces escarpements. Ce sont les visions dépouillées, réduites aux lignes les plus élémentaires et aux tons les plus froids, quasi abstraites, qu’elle recueille en arpentant ces déserts, du Spitzberg à Hokkaido. Solitude, désolation, âpreté en sont la matière même. Mais il n’est pas seulement question de représentation ici car les paysages de Sylvie Bonnot sont aussi des paysages mentaux. C’est sa main qui agit alors, et qui, dans un rapport au papier non moins physique que son embrassement du paysage, trace des parcours, des schémas, des trames qui sont évocation, trace et non point image. Pour elle, la photographie n’est plus seulement une image, c’est aussi bel et bien un matériau, qu’on peut découper, griffer, entailler dans une tentative ultime d’épuisement de l’image. (source : sylviebonnot.com)
 


* un collage de Gérard Collin-Thiébaut (Rébus onomastique - 1996)
Les rébus, jeu d’esprit très populaire aux XVIIIème et XIXème siècles, empruntent l’art d’écrire des peuples ignorant l’alphabet, exprimant des mots, des phrases, par des figures d’objets ou des arrangements dont les noms offrent à l’oreille une ressemblance avec les mots ou les phrases que l’on veut exprimer (homonymie, homophonie). Rébus est tiré du latin : non verbis, sed rebus, (non dans les mots, mais dans les choses).
Ce n’est pas la première fois que G. Collin-Thiébaut utilise ces jeux de mots liés aux images, qui traduisent non sans ironie, les relations entre les idées et les choses, le souci de rassembler, les cultures dites savantes, et celles dites moyennes et populaires. « Depuis longtemps déjà, préoccupé par la différence qui sépare le style poétique du parler courant, ce qui toujours m’avait empêché d’écrire, je cherchais à faire entendre des images, comme je fais voir des mots, de façon à ce qu’ils sortent littéralement de la bouche de ceux qui les regardent... Quand un jour, j’entendis Roland Barthes à la radio, dans un enregistrement, dire ceci : « ...rien à faire, je dois passer par l’image, l’image une espèce de service militaire social... ». ce déclencheur, me flanqua, si je puis dire, au pied de la cimaise.
(source : gerardcollinthiebaut.com)



* une lithographie de José Maria Sicilia (Sanlucar de Barrameda - 2002)
On le dit alchimiste plus que peintre. L'œuvre de José Maria Sicilia procède toute entière de l’instant. Aucune esquisse ne la préfigure. Seules les conditions particulières liées aux matériaux et à la technique employés, aux états de l’ombre et de la lumière, à la température ou à l’humidité ambiantes, au climat sonore et olfactif de l’atelier et à la sensation de plus ou moins grande quiétude éprouvée par l’artiste interviennent dans son déroulement, contribuent ou non à la manifestation désirée. Que la matière participe à ce dévoilement de l’immatériel est l’une des plus anciennes obsessions du peintre.
Les travaux en cire d’Espagne figurant le butinage par des abeilles de textes de Jean de la Croix, saint mystique et l'un des plus grands poètes du siècle d'or espagnol, mettent en œuvre une autre figure de ce renversement symbolique : « Les abeilles, note Sicilia, sont à la fois lumineuses et obscures. Elles travaillent dans l’obscurité incandescente de la ruche. La cire qu’elles fabriquent est un peu de cette lumière coagulée ; les couleurs y sont en suspension. Dans la cire les choses sont simplement là, en attente. La cire apprend à faire les choses sans les faire. Elle apprend à ne pas vouloir. C’est un travail qu’on ne fait pas. Le résultat n’est pas à voir mais à découvrir peu à peu ». (source : cairn.info)

Catégories
  • Art contemporain